Nuit au volcan
Je suis arrivé un peu tard au volcan.
Depuis la Pan American, à la hauteur de la plage de San Carlos que vous connaissez un peu si vous avez lu les autres pages du blog, la route monte en lacet sur 18 km.
Des pins, des sommets pelés, un peu de fraicheur, arrêt de la clim et fenêtres ouvertes, j’arrive au village Del Valle à la tombée de la nuit, après le petit super marché, petit pont et à gauche jusqu’au B&B.
C’est très vert, très fleuri, un peu cosy, pas de bruit sauf le ronronnement du fan. Il fait déjà nuit quand je sors de la chambre pour chercher un resto.
Le gardien m’a assuré que les chemins étaient sûrs jusqu’à 10h et que le village n’est qu’à 1/4 hr à pied.
J’aurai peut être dû acheter une torche au supermarché mais la nuit et claire et il fait bon marcher au frais pour une fois. Dès que je me rapproche du village, la musique à fond des troquets et salles de jeux me guide.
Première sensation, c’est tout plat, pas de fausses pentes, pas de côtes, comme si la lave qui s’écoulait du volcan par un coté s’est figée il y a à peu près 33 000 ans comme le dessus d’un verre d’eau. Ce billard de 20 km2 devait avoir une sacrée gueule pour les premiers habitants de la vallée.
Il y en a eu plein, Morunasaurus, Colostethus panamansis, Atelopus zeteki se régalant de Paphinias vermiculiferas orchidée unique découverte dans la vallée en 1976 et cultivée depuis 2002.
Speedé par la fraicheur, j’ai marché 2 bonnes heures, croisé beaucoup de vélos (c’est vraiment plat !), causé avec un jeune local qui vit encore plus haut dans un village sans hôtel, où il fait presque froid.
La nuit, des risées passent, irrégulières et les frouttttts des cimes d’arbres me surprennent presque autant que l’intense et incessante circulation de Panama.
Le matin, préparation de la journée, un bon petit déj., un peu kitch
et objectif la pierre peinte et l’indienne endormie (ça fait un meilleur effet en espagnol : la Piedra Pintada y la India Dormida)
Dès mon arrivée, une petite vieille s’efforce à tout prix de me vendre des orchidées de toutes les couleurs et faute de bonne volonté de ma part se déclare mon guide pour la piedra pintada. Moi qui avais lu sur le guide que c’était le job des enfants du coin, me voilà accompagnée d’une grandmère (ça n’est pas péjoratif !) qui va me raconter l’histoire de toute sa famille en montant vers la pierre.
La voilà :
J’ai droit à une explication quasiment incompréhensible, débitée à toute vitesse :
Là l’Antonio Ramiro, el Anamero gaudulo, el grabado, el Fraudagno, et bien sûr la mer. Il semble que se réunissaient ici les chefs des tribus indiennes durant l’invasion espagnole pour colorier en rouge les régions conquises par l’envahisseur et décider des actions à mener pour libérer le peuple déjà opprimé.
Là, c’est surement un soldat espagnol.
Et là, peut être un comargol (escargot)
Je vous évite l’explication mystique sur la porte qui s’ouvre au milieu vers le paradis dont les indiens n’ont malheureusement pas trouvé la clef mais elle est dans le coin en bas à droite comme le confirme les recherches entreprises depuis ….
Je remercie chaleureusement mon guide et après lui avoir fait promettre de jeter un coup d’œil vers ma voiture, je m’élance vers l’indienne endormie.
Ca n’est plus le billard d’hier soir et ça grimpe dur le long d’un torrent.
Il est déconseillé dans les bons ouvrages de monter sans guide mais à priori, en suivant les conseils de mon accompagnatrice, il suffit de monter le long du torrent et après une grosse pierre prendre toujours les chemins à gauche.
Joli torrent
avec de beaux arbres
Le chemin est même balisé en lettres gothiques.
L’histoire raconte qu’une très belle indienne est tombée amoureuse d’un conquérant espagnol et que son prétendant local s’est donné la mort en présence de tout son village. Prise de remord, l’indienne éperdue s’est perdue dans la montagne et s’est endormie pour ne plus se réveiller. La forme du sommet est sensée lui ressembler.
En haut, des bananiers.
De belles vues
Des fleurs
Il commence à faire très chaud et très soif, je préfère revenir gravir les derniers sentiers en famille
pour atteindre le sommet.
En programmant un départ à l’aube.
Un peu déçu par mon ascension raccourcie, je décide de visiter les Arboles Cuadrados de l’autre coté de la vallée.
La route est super fleurie, je dois être dans le beverly hills du coin.
les Arboles ne sont qu’un groupe de peupliers arrangés en carré et une petite route indiquant l’Altos de Maria à 6 km ne figure pas sur mon plan.
J’y vais !
Je n’ai jamais pris de toute ma vie une route avec autant de pentes et de descentes. Ca monte tout droit, et ça descend pareil ! je n’arrive pas à gravir le dernier km car je dérape sur les graviers.
De toutes façons, même l’idée d’avoir à redescendre ce que je viens de monter avec la voiture commence à me faire un peu stresser.
Je continue à pied bien sûr ! je doit être à environ 1000 m d'altitude, la vue est un peu bouchée.
Pas facile de montrer une pente en photo, le référentiel horizontal manque.
Droit dans la pente, moi aussi je dérape un peu sur les graviers, les virages sont en béton, ils ne tiendraient pas autrement. Dernier km avec une pente continue supérieure à 30°, 40 ?
En haut, surprise !
Le gardien sympa m’autorise à franchir la grille.
Un petit Machu Pichu, je suis presque dans les nuages.
Il s’agit d’une énorme propriété privée qui s’étale sur des km2 du contour du volcan. Elle s'étend jusqu'au fond de la photo! Des maisons luxueuses sont déjà construites au frais, côté Pacifique, pour des expatriés canadiens et américains.
Sur mon retour, cliché, une voiture s’arrête et un américain inquiet de me voir marcher me demande si je suis bien ‘ all right ‘. Je confirme.
Au retour, arrêt au milieu d’un village, le terrain
de baseball est si petit que durant les parties,
un ramasseur est sur la route.
Qui a parlé du péril jaune à El Valle ?
Un supermarché Pékin
Un super Hongkong
Méfiez vous de ce genre de logo: